Berlin XVIII – Episode 1
Je m’appelle Wulf RICHTER, mais mes collègues m’appellent « le pif ». Cela fait tout juste une semaine que je viens d’intégrer la Section D, la nouvelle unité spécialisée anti-drogue de Elmuth KUNIN. KUNIN, est un député influent qui souhaite prendre le pouvoir et cette nouvelle unité est une façon comme une autre de se faire bien voir du public et de monter dans les sondages.
Ma journée commence comme toutes les autres, au 3ème étage, en train de discuter avec Juliette, la secrétaire qui aime les ragots. Malheureusement pour moi, ce matin, pas le temps de discuter, mon boss, l’inimitable Inspecteur Sergei MOLDOVAN me demande de venir immédiatement dans le bureau de la section D au 2ème étage. Une affaire urgente à traiter. je me prépare mentalement à la routine matinale du chef qui compte trois étapes :
- Me faire remarquer que je suis en retard
- Me dire que c’est la dernière fois cette semaine qu’il accepte mon retard
- Nous demander d’être prêt dans 4 minutes pour qu’on aille patrouiller dans les rues…
(Cette dernière étape consiste en fait à trouver un bar et boire un coup de vin blanc avant de commencer vraiment le boulot.)
Mais aujourd’hui, cette routine est interrompue par un appel. C’est le commissaire MOAN. Il souhaite que l’on se rende immédiatement au garage « Repar’Vitz » car une prise d’otage à lieu en ce moment même. Avant que l’inspecteur ne demande pourquoi notre unité doit intervenir (nous sommes après tout une unité anti-drogue) le commissaire dit que cette une demande explicite du député KUNIN.
Après 25 minutes à zigzaguer parmi les embouteillages, nous voilà sur place. Il pleut et il fait froid, un temps habituel pour un mois de juin. Quelques policiers ont déjà écartés les passants trop curieux, et délimité un secteur. La presse est évidemment déjà sur place, ainsi que le commissaire. Tout ceci ne me plaît pas trop.
On apprend que les preneurs d’otages sont au nombre de 4 et qu’ils sont armés. Il y aussi 4 otages. 1 cliente, 2 employés et le chef du garage.
L’inspecteur MOLDOVAN, voyant les médias, se sent pousser des ailes. Il est temps de briller aux yeux du monde quartier entier. Il décide donc de négocier directement par téléphone avec les preneurs d’otages. Il obtient contre toute attente la libération d’un otage en échange de la promesse d’un véhicule pour fuir. Les preneurs d’otages ont véritablement l’air débiles. Pendant ce temps, le GIF (Groupe d’Intervention Falkampft) demande un rapport et se tient prêt à intervenir.
La femme qui sort du garage, en état de choc, semble être une jeune cadre d’entreprise. Elle m’explique qu’elle est juste venu déposer sa voiture dans ce garage pour la faire réparer et que c’est à ce moment-là que 4 jeunes hommes ont débarqués avec des armes et les ont menacés. Elle tente de m’aider mais je n’apprends pas grand chose de plus. Je remarque aussi que mon boss, MOLDOVAN réajuste ses vêtements, se pare de son plus beau sourire et retourne parler à la presse. A croire qu’il aime attirer l’attention sur lui.
A peine le temps de prendre la déposition verbale de la jeune cadre qu’un énorme véhicule blindé débarque en trombe dans la rue, remontant le barrage mis en place et manquant d’écraser quelques journalistes ne s’étant pas retirés à temps. Sans l’intervention rapide du commandant MOAN, il y aurait eu une fusillade et cela n’aurait pas été beau à voir. Montée sur l’énorme véhicule, une mitrailleuse lourde est tenue par un homme noir que l’on dirait taillé dans la roche tellement il est massif. Il descend et salue le commissaire. Les deux hommes échangent pendant un moment. De notre côté, cette situation nous laisse perplexe, car cet homme est BOUBACAR, connu pour être un des lieutenants du gang de Turkish, les Jihad Warriors. Après quelques minutes, le commissaire revient et nous annonce que nous avons 30 minutes pour résoudre la situation ou bien BOUBACAR commence à mitrailler le garage. Car le garage en question lui appartient et qu’il souhaite résoudre cette situation au plus vite, l’image renvoyée par une prise d’otage dans son quartier et son garage est mauvaise pour les affaires.
Visiblement, cette situation tendue ne plait pas à mon chef. L’inspecteur MOLDOVAN aurait préféré être au bar plutôt que dans cette situation explosive ou tout peut dégénérer à tout instant. Mon collègue, Bergen NORWAY – un grand blond du nord de l’Europe – se dit qu’il va surement mourir ici (comme tous les matins) et que la vie est une chienne, comme son ex-femme.
La situation aurait pu se stabiliser là et les négociations auraient pu reprendre tranquillement… Mais nous sommes dans le quartier XVIII et forcément, quelque chose va merder. On dirait un résumé de ma vie. Un coup de feu retenti dans le garage et aussitôt la situation dégénère. Le groupe d’intervention annonce qu’il va entrer. BOUBACAR prépare sa mitrailleuse et MOLDOVAN nous ordonne d’accompagner le GIF…
Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’une énorme fusillade éclate entre les 4 preneurs d’otages, le GIF, BOUBACAR et les policiers. La porte principale du garage automobile s’ouvre et un des malfrats arrose de balles un des membres du groupe d’intervention, rapidement évacué. Pour ma part, je me jette derrière une voiture et décide de viser un des 4 malfaiteurs. Je le touche directement à la poitrine, je pense qu’il est mort. Bergen (NORWAY) a quant à lui décidé de contourner le garage et de passer par derrière. L’idée est bonne mais des fois, une bonne idée ne suffit pas et alors qu’il regarde par une vitre sale située à l’arrière de la boutique, il aperçoit une silhouette se précipiter vers lui. A peine le temps de lever son arme que la dite silhouette passe à travers la vitre et l’attaque. C’est un des preneurs d’otages, il a le regard vide et la bave aux lèvres, il tient dans sa main un pied de biche et est bien décidé à l’enfoncer dans la tête bien trop blonde de notre cher policier.
Devant, la fusillade bat son plein, les otages se sont jetés au sol derrière une voiture. Le GIF et MOLDOVAN ont encerclé les deux derniers malfrats qui tirent leur dernière munition, caché derrière un établi. Je profite de ce moment pour vérifier que Bergen aille bien. Avec le temps grisâtre et la pollution ambiante, je distingue mal mais il me semble apercevoir mon collègue en train de se battre avec un homme, je décide donc d’aller l’aider. J’entends un coup de feu mais pas de cri. J’arrive sur place et je suis surpris par la scène qui se déroule devant moi. Bergen tire sur un homme qui n’a pas l’air de vouloir mourir. Il a la poitrine ouverte et perd tout son sang mais se bat toujours, le regard vide. Décidant de faire quelque chose, je tire dessus aussi. Plusieurs secondes et 3 ou 4 balles plus tard nous arrivons à l’abattre. Heureusement que nous avions nos gilets pare-balles. Bergen est bon pour quelques bleus et contusions mais rien de très grave.
La fusillade est terminée, les deux derniers suspects arrêtés, les deux otages en vie libérés, les cadavres regroupés. Le chef du garage est mort. Apparemment, le coup de feu qui a déclenché cette dernière fusillade était en fait son assassinat. Il va y avoir un très long rapport à faire et il donc temps de rentrer au poste. Mon boss, Sergei MOLDOVAN est déjà en train de râler, il est toujours à jeun…